Dans la série « La gloire de ma mère » : On allait au Wepler !
On allait au Wepler, place Clichy, passer les longues heures du samedi après-midi. J’y buvais un café qui me semblait plein d’amertume et ma mère un thé dont elle nous avait toujours dit que c’était une boisson à ne boire qu’en cas de maladie. تعليم لعبة بوكر Un garçon de café virevoltant et bienveillant la couvrait de chocolats qu’il sortait de sa poche comme un magicien et elle en riait comme une enfant. Nous restions là à regarder le ballet des clients et du personnel, nous retrouvions des habituées, des dames qui semblaient posées au même endroit depuis des siècles, dont une qui venait chaque jour avec son caniche et avait sa place réservée, comme au théâtre. Nous écoutions le temps passer. لعبة 21 Nous nous regardions, parlions peu, mais j’étais heureuse qu’elle accepte de venir au café où plus jeune elle ne serait jamais allée: les femmes « bien » n’allaient pas au bistrot, ça ne se faisait pas, ça « coûtait » et on pouvait boire un café chez soi! A présent, le temps s’écoulait si lentement et elle voyait si peu de monde, à part nous, qu’elle avait plaisir à trottiner jusqu’à la fameuse brasserie que nous regardions de loin avec envie quand nous étions enfants. On la servait avec déférence, elle se sentait princesse, elle avait de l’importance puisqu’elle était une dame âgée. Elle avait désormais le droit d’aller perdre du temps dans ces mauvais lieux faits pour les oisifs ou pire encore. مواقع ربح المال
C’est là que j’ai commencé à l’appeler « petite mère », comme dans les romans russes, elle était si menue et si fragile, posant toujours sa tasse de travers sur la soucoupe qu’elle ne distinguait plus très bien. Une femme de notre connaissance venait s’asseoir à notre table sur le coup de quatre heures et nous l’écoutions détailler son repas de midi, nous apprenions aussi de quoi serait fait son dîner et comment se déroulait de manière immuable sa vie: jeudi: famille, samedi: coiffeur, dimanche: meilleure amie. Nous admirions cette organisation dont nous étions incapables, toujours un peu de travers, comme la tasse sur la soucoupe. Comme elle craignait les courants d’air -je n’ai jamais su pourquoi-, elle posait un horrible fichu de plastique sur sa mise en plis, rangeait soigneusement les petits sachets de sucre inutilisés dans son sac à main, et nous rentrions rue Truffaut où elle attendrait patiemment notre venue pour aller de nouveau faire sa princesse dans le grand café de la place Clichy.