
« Il aurait pleuré, mon père, sans se cacher, comme il le faisait quand l’émotion le submergeait, devant ces enfants chantant de tout leur…
« Il aurait pleuré, mon père, sans se cacher, comme il le faisait quand l’émotion le submergeait, devant ces enfants chantant de tout leur cœur cette langue de gens dont ils n’avaient jamais entendu parler, simplement curieux de leur histoire, comme des enfants. » Fille d’émigrés juifs polonais, Talila raconte son enfance dans le Paris d’après-guerre. Malgré les terribles pertes qu’ils ont subies et dont ils ne parlent pas, ses parents ont choisi de vivre, de se tourner résolument vers l’avenir. Rassemblant ses souvenirs, l’auteur ravive les moments précieux, les perles qui éclairent son passé : elle évoque le milieu bien particulier dans lequel ses parents évoluent, ce petit monde juif haut en couleurs qui constitue une microsociété au cœur du Paris d’après-guerre. Ces « gens simples » qui peuplent son univers de petite fille, deviennent ses « héros », des héros ordinaires au passé si tourmenté… Dans cette enfance, la « madeleine » serait plutôt un hareng aux oignons, le plus beau jour de l’année est celui du bal de la Société des amis de Krasnik, et les carpes qui nagent dans la baignoire annonv-cent les repas de fêtes… Le regard tendre que l’auteur pose sur ses personnages nous les rend profondément attachants, et son attention au détail dessine un univers bigarré, aussi cocasse qu’émouvant. Illustré par des photos de Franck Juery.