Mon dernier voyage en Pologne
Chanter le yiddish en Pologne n’est jamais chose anodine lorsqu’on est un enfant de parents juifs polonais ayant fui ce pays avant la dernière guerre pour ne plus jamais y revenir.
La première fois que je suis allée m’y produire, du vivant de ma mère, elle n’avait manifesté aucun enthousiasme pour cette sorte de retour aux sources, se demandant ce que je pouvais bien aller chercher dans ces sombres contrées du malheur. Tout comme elle s’étonnait de mon intérêt pour la chanson yiddish, elle s’étonna de ma curiosité pour les lieux de sa jeunesse. L’eau a coulé sous les ponts et me voilà de retour en Pologne. A Bydgoszcz tout d’abord, nom imprononçable qui se termine par un éternuement de consonnes et où nous nous produisons dans un centre culturel. Je ne sais qui est le public, qui sont ces gens venus écouter du yiddish et du français : savent-ils que je parle d’eux, de leur pays ? Sans doute le sentent-ils puisque certains viennent me manifester leur intérêt, leur émotion aussi après le spectacle, en anglais, avec cette élégance surannée qui caractérise les polonais cultivés, toujours prêts à vous baiser la main, à vous offrir des fleurs. Le lendemain nous prenons le train pour nous rendre à Lublin où nous avons un autre concert. Le voyage dure sept heures, peut-être le temps nécessaire pour se rapprocher d’une ville qui se trouve à quarante kilomètres seulement de celle où sont nés mes parents : Krasnik. Je ne peux lire ni même somnoler, je ne peux que regarder le paysage qui défile, les villes aux noms familiers, les forêts innombrables, les arbres aux belles couleurs automnales derrière lesquelles je crois voir apparaître des ombres juives. Mois qui crois avoir dépassé ces émotions, avoir suffisamment plaisanté, parlé, lu, commémoré, chanté, je ne peux que pleurer de façon irrépressible, car je voyage avec des fantômes qui m’accompagnent dans ce train, qui descendent avec moi à Lublin et se mêleront à d’autres dans cette ville où est né mon oncle Froym. Le concert a lieu dans un très beau bâtiment historique, le Trybunal Koronny, le Tribunal de la Couronne, dans la vieille ville, et le yiddish jaillit au milieu des dorures, des tableaux anciens représentant des personnages importants. L’adjoint à la culture de la mairie de Krasnik est présent et filme le spectacle : au fond je suis une enfant du pays, j’ai droit aux honneurs et même à la promesse d’un prochain concert dans cette ville, comme une revanche sur l’histoire. Ma mère dirait : « on verra » sur un ton méfiant et ironique, de celle à qui on ne la fait pas et glacerait mon enthousiasme comme pour me dire « souviens-toi », mais je lui répondrais que j’ai des amis là-bas qui s’appellent Agnieszka, Witek, Leszek, Barbara, qui parlent le français avec cet accent que j’aime et qui m’ont promis de m’attendre.
VINCENT
Notre histoire qu’on le veuille ou non nous colle aux basques, je suis d’origine séfarade mais ma culture est d’Europe centrale, je ne sais pas pourquoi.
Je suis aller pendant un an en Pologne pour le travail, j’ai put discuter avec des jeunes et c’était pas facile au début, je me suis perdu dans ce qui était le lieux ou beaucoup des nôtres se sont battus avec héroïsme,je ne savais pas pourquoi, j’avais besoin de respirer cet endroit.Peut-être que je voulais voir ou étaient nés mes amis de l’AUJF.
Nous vous suivons depuis longtemps !
Portez-vous bien.